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voyage histoire des arts

02 Apr

Panthéon

Publié par Artus

en route pour le panthéon

en route pour le panthéon

Nous savons tous que la culture latine est un pilier de notre civilisation occidentale, héritée de l’Empire Romain. Nous avons tous appris à l’école que les Romains avaient une civilisation et un mode de vie avancés, qui n’avait pas trop de mal à intégrer les autres cultures. Nulle part ailleurs comme au Panthéon nous pouvons contempler de nos yeux un monument romain aussi bien conservé, ayant traversé les âges pratiquement intact. Ce sont 1900 ans d’Histoire qui sont présents dans cet ancien temple païen, dédié à l’ensemble des dieux romains, connu par les romains actuels sous le nom de « Rotonde ». C’est un plaisir pour moi de vous parler de ce monument, l’un des plus beaux que Rome nous ai donnés, l’une des meilleurs façons de voyager dans le passé et d’imaginer « comment c’était avant ».

En grec, « panthéon » veut tout simplement dire « tous les dieux ». Ce temple est ainsi dédié aux dieux, qu’ils soient romains, égyptiens ou grecs. La tolérance religieuse, contrairement à ce qu’on pourrait croire, était de mise chez les romains, qui acceptaient facilement les dieux des peuples vaincus. C’est ainsi que Zeus pu être facilement assimilé à Jupiter, ou qu’un culte était voué au dieu égyptien Apis. Le Panthéon était le symbole de cette tolérance religieuse, ou chaque dieu pouvait être honoré. Quelque part, le Panthéon romain est le penchant latin et terrestre de l’Olympe, royaume des dieux.

Avant le Panthéon actuel, il existait déjà un temple dédié aux dieux sur le même emplacement, près du Champ de Mars. Ce premier panthéon fut construit à l’avènement d’Auguste en tant qu’Empereur, en -27. C’est Agrippa, le plus fidèle bras droit du premier empereur romain qui le fit ériger, dans le cadre d’un programme d’amélioration de la grande métropole antique. Agrippa accompli tant et si bien sa tâche qu’Auguste disait que grâce à lui, Rome avait été transformée, passant d’une ville construite en brique à une ville construite en marbre. C’est en l’honneur d’Agrippa que l’on peut lire aujourd’hui son nom sur le fronton du monument, « M·AGRIPPA·L·F·COS·TERTIVM·FECIT », c’est-à-dire « Marcus Agrippa, fils de Lucius, Consul pour la troisième fois, le construisit. ». L’autre petite inscription que l’on peut lire signale une restauration de l’édifice qui eu lieu à l’époque de Septime Sévère.

On sait peu de choses de ce premier Panthéon. Avec les découvertes archéologiques du XIXe siècle, on sait qu’il était rectangulaire, fait en travertin et revêtu comme c’était l’usage de marbre. Cette œuvre de l’architecte Lucius Cocceius Auctus devait être assez belle pour mériter les éloges de Pline l’Ancien, qui en vantait la décoration extérieure. Ce premier temple fut la malheureuse victime des grands incendies de Rome de l’an 80. Il sera restauré par Domitien, mais ça ne sera que de courte durée : 30 ans plus tard, en 110, un nouvel incendie ravagera complètement l’édifice. Il faudra attendre 8 ans et l’avènement de l’empereur Hadrien pour que les travaux de reconstruction débutent, se terminant au bout de 10 années de travail, en 128.

C’est un temple totalement nouveau qui fut construit, très différent du Panthéon d’Agrippa ou des autres temples romains. Le Panthéon est original, de par sa forme, avec une cella circulaire, la « Rotonde », adossée à un bâtiment intercalé devant le pronaos rectangulaire. La cella est l’endroit du temple fermé au public, où sont abritées les statues des divinités du temple. Le pronaos est l’entrée du temple, la salle où se trouvent les colonnes de la façade. Ce type de combinaison est une première dans le monde romain, signalant le caractère spécial de ce temple, dont l’architecte était possiblement le grec Apollodore de Damas. Il était le plus grand architecte de son époque, mais malheureusement, il n’y a pas de document écrit qui atteste de sa participation à la construction du nouveau Panthéon.

Le Panthéon d’Hadrien, c’est une prouesse technique, une preuve du génie de bâtisseurs des romains. Les romains n’aiment pas l’échec, et avaient sûrement voulu faire une construction qui résiste mieux aux catastrophes que l’ancien Panthéon. Ils s’y sont tellement bien pris que nous pouvons encore l’admirer aujourd’hui, près de deux millénaires après ! Ce temple devait glorifier le culte impérial, comme le suggère l’historien romain Dion Cassius. L’énorme coupole de 43 mètres de hauteur et de même diamètre (150 pieds romains) représente la voûte céleste, demeure de tous les dieux, et fut longtemps la plus grande du monde. Cette coupole est à mon avis une réussite totale. Nulle part ailleurs je n’ai eu cette impression, avec une coupole située si haut, illuminée par un « oculus », l’ouverture de 8,7m centrale laissant entrer une lumière énigmatique, mais aussi la pluie.

La coupole est donc un chef d’œuvre de l’architecture et ingénierie romaines, avec ses 5 rangées de caissons et ses alvéoles en perspective. La correcte répartition des poids afin que l’ensemble tienne et résiste est une prouesse des ingénieurs de l’époque, encore admirée et étudiée de nos jours. La coupole était originellement couverte de bronze, mais ce bronze, d’une valeur inestimable, sera récupéré à plusieurs reprises par les dirigeants de l’époque, au gré des besoins financiers. Une première fois en 663, les tuiles de bronze doré qui recouvraient la coupole furent « volées » par l’empereur byzantin Constant II, qui en avait besoin pour financer sa guerre contre les Lombards. Une deuxième fois, le bronze qui servait de décoration intérieure fut pris par le pape Urbain VIII pour construire le baldaquin de Saint Pierre…

Les murs en brique du Panthéon étaient originellement recouverts de marbre. Nous n’avons plus le marbre aujourd’hui, à part quelques rares petits bouts, on ne peut qu’imaginer la beauté du Panthéon à l’époque d’Hadrien ! La richesse de détails que l’on observe dans ces marbres, la finesse des sculptures, la beauté de ces œuvres d’Art ne seront sans doute jamais récupérées, tout comme ce fronton désespérément vide, où ne se trouve plus aucun bas-relief, plus d’aigle de bronze comme autrefois. Mais la structure générale du temple demeure, comme à l’époque, et l’édifice sert aujourd’hui à accueillir d’illustres italiens, comme le premier roi d’Italie Victor Emmanuel II ou le peintre Raphaël.

Les meilleurs matériaux furent utilisés dans la construction, comme ces 16 colonnes corinthiennes du portique en granite d’Egypte, grises pour les extérieures, roses pour les intérieures, ou ces chapiteaux taillés dans du marbre blanc. Pour la petite histoire, les deux colonnes à gauche ne sont pas d’origine, elles avaient été retirées au Moyen-âge. On les remplacera au XVIIe siècle par d’autres colonnes venant des thermes de Néron, d’où leur couleur un peu différente. On imagine, avec du mal, le travail il avait fallu abattre à l’époque de l’Empire Romain pour réaliser un tel monument, avec les moyens techniques dont ils disposaient ! Rendez-vous compte, l’énorme salle intérieure circulaire possède des murs de 6m d’épaisseur ! Le décor intérieur du Panthéon a très peu changé. Tout ou presque est d’époque. Le sol a été restauré au XIXe siècle, et respecte l’esprit originel.

Nous pouvons voir aujourd’hui dans les murs à ras du sol 7 niches surplombées par une corniche, qui servaient à accueillir dans le temps les statues des dieux qui y étaient vénérés. On y trouvait notamment une statue de Jules César, dont le « génie » avait été déifié. Les petites niches que l’on peut voir sur le niveau supérieur sont l’un des rares changements de la décoration, datant de 1747, restaurés partiellement en 1930 à leur état originel. Ces fenêtres grillagées étaient au temps des romains de véritables fenêtres, laissant passer la lumière, renforçant encore plus le côté « divin » de ce dôme. Le Panthéon aura connu d’autres outrages, dont le plus notable fut certainement ce que les romains nommèrent « d’oreilles d’âne du Bernin ». En effet, l’artiste italien ajouta deux clochetons à l’ouvrage romain, qui fort heureusement furent détruits en 1882, restituant l’aspect original.

Le Panthéon n’a peut-être pas beaucoup changé au fil des siècles, mais ce n’est bien sûr pas le cas de son environnement. Avec le temps, le sol environnant s’est relevé, enterrant petit à petit le podium, l’escalier qui permettait d’accéder à l’édifice. Le bâtiment ne doit la vie sauve qu’à sa conversion en église par le pape Boniface IV en 609, lorsque l’empereur byzantin Phocas lui en fit don. Son nom officiel sera désormais la Basilique de Sancta Maria ad Martyres (Sainte Marie des Martyrs), plus connue sous le nom de Santa Maria Rotonda au Moyen-âge. Il faut dire que cette période de l’Histoire ne fût pas bénéfique pour l’architecture antique, considérée comme païenne et donc impure. Allez, mettons nous à rêver et à imaginer une ultime restauration, redonnant au monument toute sa splendeur originelle, avec les bronzes et les marbres retrouvés. Ça fait du bien de rêver.

Panthéon
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A l'interieur du Pantheon M Artus a fait profiter aux élèves d'une immersion en réalité augmenté.

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S
Merci aux professeurs pour ce séjour culturel qui allie connaissances et bonne humeur. Nos enfants ont beaucoup de chance.
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